Système opioïde, nociception et douleur
Dominique MASSOTTE
Présentation
Virginie Andry
Chantal Fitterer
Catherine Moreau
Les informations nociceptives, véhiculées depuis la périphérie par des fibres afférentes primaires, sont intégrées et traitées par un réseau d’interneurones de la corne dorsale de la moelle épinière. La balance excitation/inhibition dans ce réseau est essentielle pour moduler l’information nociceptive. La plasticité à court-terme des synapses inhibitrices de la lamina II, dans le cadre du traitement nociceptif, pourrait ajuster la sensibilité douloureuse. Grâce à des enregistrements électrophysiologiques sur tranches de moelle épinière, j’ai la possibilité de mettre en évidence cette plasticité des synapses inhibitrices selon la nature excitatrice ou inhibitrice des neurones postsynaptiques. Mon objectif est d’examiner si les seuils nociceptifs chez des souris mâles et femelles peuvent être corrélés à la balance excitation/inhibition de la lamina II et à son altération lors d’un état inflammatoire aigu.
La douleur neuropathique touche environ 7 à 10 % de la population. Ce type de douleur se caractérise par sa chronicité et est associée à des comorbidités anxio-dépressives et des déficits cognitifs. Afin d’étudier les mécanismes à l’origine de la neuropathie, nous nous concentrons sur les neurones exprimant les hétéromères résultant de l’association des récepteurs opioïdes mu et delta. Dans un modèle murin de douleur neuropathique, nous utilisons la détection immunohistochimique, ainsi qu’une approche de spectrométrie de masse pour élucider les réseaux cérébraux, les populations neuronales et les neurotransmetteurs impliqués lors d’une activation pharmacologique des hétéromères mu-delta.
La neuropathie est associée à une neuro-inflammation qui conduit à une dérégulation du métabolisme. La morphine, utilisée pour soulager les douleurs neuropathiques, est moins analgésique comparée à son efficacité contre une douleur aiguë. Notre objectif est de comprendre si la neuropathie influence la dégradation de la morphine afin de développer de nouvelles stratégies permettant une analgésie efficace pour de telles douleurs.
Volodia Hovhannisyan
Nos Publications
Cathenaut L, Schlichter R & Hugel S. Short-term plasticity in the spinal nociceptive system. Pain (2023), 164: 2411-2424.
Cathenaut L, Leonardon B, Kuster R, Inquimbert P, Schlichter R & Hugel S. Inhibitory interneurons with differential plasticities at their connections tune excitatory/inhibitory balance in the spinal nociceptive system. Pain (2022). 163(5):e675-e688.
Gabel F, Hovhannisyan V, Andry V, Goumon Y. Central metabolism as a potential origin of sex differences in morphine antinociception but not induction of antinociceptive tolerance in mice. Br J Pharmacol. 2023 Apr;180(7):843-861. doi: 10.1111/bph.15792. Epub 2022 Feb 8. PMID: 34986502.
Gaborit M. and Massotte D. (2023) “Therapeutic potential of opioid receptor heteromers in chronic pain and associated comorbidities” The British Journal of Pharmacology 180(7), 994-1013.